Désinfection des transports communs : comment faire

Chaque jour, des millions de personnes empruntent les transports en commun pour se rendre au travail, à l'école, ou pour leurs loisirs. Ces lieux, par leur nature même, sont des espaces de brassage où les préoccupations liées à la propreté et à l'hygiène sont naturellement présentes. Dans un contexte de préoccupations sanitaires croissantes, comme lors d'épidémies, la désinfection des transports publics devient un enjeu majeur. Cet article vise à informer le lecteur sur les mesures de désinfection mises en place dans les transports en commun, les surfaces les plus à risque, les méthodes utilisées, et les bonnes pratiques à adopter pour se protéger efficacement lors de ses déplacements.
1) Les défis de la désinfection des transports en commun
La désinfection des transports en commun représente un défi complexe en raison de la diversité des espaces, de la fréquence et de l'affluence des usagers, des surfaces à risque, et de la nécessité d'assurer une bonne ventilation et qualité de l'air.
Typologie des espaces
- Espaces fermés (bus, trains, métros) : Ces espaces se caractérisent par une concentration élevée de passagers dans un espace restreint, ce qui favorise la promiscuité et la transmission de micro-organismes. Les surfaces de contact sont variées (poignées, barres, sièges, boutons, etc.), ce qui rend la désinfection complète difficile.
- Espaces ouverts (tramways, quais) : Bien que l'exposition aux éléments extérieurs puisse aider à la dispersion des agents pathogènes, ces espaces ne sont pas exempts de risques. Le flux de passagers est plus fluctuant, ce qui rend la désinfection continue moins évidente. De plus, les intempéries peuvent rendre certaines surfaces plus difficiles à nettoyer et désinfecter.
- Espaces de transit (gares, stations) : Ces zones sont des points de convergence importants où le trafic est intense. Les points de contact multiples (bornes, distributeurs, escalators, bancs, etc.) sont autant de surfaces à risque. La gestion des flux de passagers et la désinfection de ces espaces nécessitent une organisation logistique rigoureuse.
Fréquentation et affluence
- Heures de pointe vs heures creuses : La fréquence et les protocoles de désinfection doivent être adaptés en fonction de l'affluence. Les heures de pointe, avec une forte concentration de passagers, nécessitent une désinfection plus fréquente et rigoureuse pour limiter les risques de transmission.
- Influence sur les protocoles : Les entreprises de transport doivent mettre en place des protocoles de désinfection flexibles, capables de s'adapter aux variations de fréquentation et aux événements imprévus (par exemple, une épidémie).
Surfaces à risque
- Poignées, barres, rampes : Ces éléments sont fréquemment touchés par les passagers, ce qui en fait des vecteurs de contamination potentiels.
- Sièges, accoudoirs : Le contact direct avec les passagers peut entraîner la contamination de ces surfaces.
- Boutons, écrans tactiles : L'utilisation répétée de ces éléments par différents usagers augmente le risque de transmission de micro-organismes.
- Sols : Les sols peuvent accumuler des saletés et divers micro-organismes, ce qui nécessite un nettoyage et une désinfection réguliers.
Ventilation et qualité de l'air
- Systèmes de ventilation mécaniques : L'efficacité des filtres et l'entretien régulier de ces systèmes sont essentiels pour assurer un renouvellement de l'air adéquat et limiter la propagation des agents pathogènes.
- Ventilation naturelle : Dans certains types de transport (tramways, bus), la ventilation naturelle peut être utilisée, mais son efficacité dépend des conditions météorologiques et de la configuration des lieux.
- Mesures de la qualité de l'air : Il est important de mesurer régulièrement la qualité de l'air (taux de CO2, particules fines, concentration de contaminants biologiques) pour s'assurer du bon fonctionnement des systèmes de ventilation et prendre les mesures nécessaires en cas de problème.
La désinfection des transports en commun est un défi multidimensionnel qui nécessite une approche globale, prenant en compte la diversité des espaces, la fréquence et l'affluence des usagers, les surfaces à risque, et la qualité de l'air. Les entreprises de transport doivent mettre en place des protocolos adaptés, efficaces et flexibles pour assurer la sécurité sanitaire des passagers.
2) Les méthodes de désinfection utilisées
La désinfection des transports en commun fait appel à une combinaison de méthodes, allant des produits désinfectants classiques aux technologies innovantes. Le choix des méthodes dépend de plusieurs facteurs, tels que le type de surface, le niveau de risque, la fréquence de passage, et les contraintes environnementales.
Produits désinfectants
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Types de produits :
- Virucides : Actifs contre les virus (par exemple, le coronavirus). Ils sont essentiels pour inactiver les virus présents sur les surfaces et dans l'air.
- Bactéricides : Actifs contre les bactéries. Ils permettent de réduire la présence de bactéries pathogènes qui peuvent se développer sur les surfaces.
- Fongicides : Actifs contre les champignons. Ils sont utilisés pour prévenir la croissance de moisissures et de champignons, qui peuvent causer des problèmes d'hygiène et des allergies.
- Leur spectre d'action varie en fonction du type de micro-organisme ciblé. Il est important de choisir des produits adaptés aux types de micro-organismes présents dans les transports en commun.
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Efficacité :
- L'efficacité des produits désinfectants est évaluée selon des normes spécifiques (par exemple, la norme EN 14476 pour les virucides). Ces normes garantissent que les produits sont capables d'inactiver les micro-organismes ciblés dans des conditions de test standardisées.
- Il est important de respecter les instructions d'utilisation des produits, notamment les temps de contact, pour garantir leur efficacité.
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Préoccupations environnementales :
- L'utilisation de produits désinfectants peut avoir un impact sur l'environnement, notamment en raison de la présence de substances chimiques.
- Il est important de choisir des produits biodégradables et respectueux de l'environnement, et de limiter leur utilisation autant que possible.
- La gestion des déchets d'emballage et l'utilisation de systèmes de dosage précis contribuent également à réduire l'impact environnemental.
Techniques de nettoyage
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Nettoyage manuel :
- Méthode traditionnelle (lavage, essuyage) réalisée par des agents formés.
- Cette méthode est essentielle pour éliminer la saleté et les souillures visibles, qui peuvent gêner l'action des produits désinfectants.
- L'importance de la formation des agents est cruciale pour garantir l'efficacité du nettoyage et le respect des protocoles.
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Pulvérisation :
- Technique efficace pour atteindre les surfaces difficiles d'accès (par exemple, les sièges, les parois).
- Elle permet de couvrir rapidement de grandes surfaces et d'assurer une répartition homogène du produit désinfectant.
- Le contrôle du dosage est essentiel pour éviter une surutilisation de produits désinfectants et minimiser les risques pour l'environnement et la santé.
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Nébulisation :
- Désinfection aérienne qui complète le nettoyage des surfaces.
- Elle permet de traiter de grands volumes et d'atteindre les zones moins accessibles, comme les conduits de ventilation.
- Cette méthode est particulièrement utile en période d'épidémie pour réduire la présence de micro-organismes dans l'air.
Technologies innovantes
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Purificateurs d'air :
- Fonctionnement : Les purificateurs d'air utilisent différentes technologies pour éliminer les particules fines, les virus et les bactéries de l'air. Les filtres HEPA (High Efficiency Particulate Air) sont capables de capturer les particules les plus fines, tandis que les lampes UV-C émettent un rayonnement ultraviolet qui détruit l'ADN des micro-organismes.
- Efficacité : Les purificateurs d'air sont efficaces pour améliorer la qualité de l'air et réduire la présence de micro-organismes. Cependant, leur efficacité dépend du type de purificateur, de la taille de la pièce, et du débit d'air.
- Avantages : Amélioration de la qualité de l'air, réduction des risques de transmission de maladies, confort respiratoire pour les personnes sensibles.
- Inconvénients : Coût d'achat et de maintenance (remplacement des filtres, consommation d'énergie), efficacité limitée pour les très grands espaces.
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Générateurs d'ozone :
- Action désinfectante : L'ozone est un puissant désinfectant qui agit en oxydant les molécules organiques, y compris les micro-organismes. Il est efficace contre un large éventail de bactéries, de virus et de champignons.
- Précautions d'utilisation : L'ozone est toxique pour l'homme à certaines concentrations. Son utilisation doit être limitée à des désinfections ponctuelles, en dehors de la présence de passagers. Il est important de respecter les consignes de sécurité et de ventiler les espaces après utilisation.
- Utilisation : Les générateurs d'ozone sont généralement utilisés pour des désinfections de choc dans les transports en commun, par exemple en cas de suspicion de contamination ou en période d'épidémie.
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Lampes UV :
- Les lampes UV-C émettent un rayonnement ultraviolet qui détruit l'ADN des micro-organismes, les rendant inactifs.
- Elles sont utilisées pour désinfecter l'air et les surfaces, mais nécessitent des précautions d'utilisation en raison des risques pour la santé (notamment pour les yeux et la peau).
- Les lampes UV sont efficaces contre un large éventail de micro-organismes, y compris les virus et les bactéries.
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Systèmes de filtration de l'air :
- Les systèmes de filtration HEPA (High Efficiency Particulate Air) sont capables de capturer les particules fines, les allergènes et certains virus présents dans l'air.
- Ils contribuent à améliorer la qualité de l'air et à réduire la propagation des micro-organismes.
- Ces systèmes sont particulièrement utiles dans les espaces fermés, comme les bus, les trains et les métros.
Protocoles
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Protocoles stricts :
- Les entreprises de transport suivent des protocoles stricts pour la désinfection de leurs véhicules et de leurs espaces, comme celui mis en place lors de la pandémie de Covid-19.
- Ces protocoles sont basés sur les recommandations des autorités sanitaires et sont adaptés en fonction de l'évolution de la situation sanitaire.
- Ils définissent les types de produits à utiliser, les méthodes de nettoyage et de désinfection, la fréquence des opérations, et les mesures à prendre en cas de suspicion de contamination.
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Adaptation :
- Les protocoles sont régulièrement mis à jour en fonction des nouvelles connaissances scientifiques et des recommandations des autorités sanitaires.
- Ils peuvent être adaptés en cas de situation exceptionnelle, comme une épidémie, pour renforcer les mesures de prévention et de désinfection.
La désinfection des transports en commun repose sur une combinaison de méthodes, allant des produits désinfectants classiques aux technologies innovantes. Le choix des méthodes dépend de plusieurs facteurs, tels que le type de surface, le niveau de risque, la fréquence de passage, et les contraintes environnementales. Il est essentiel de respecter les normes et les protocoles en vigueur pour garantir l'efficacité de la désinfection et la sécurité des usagers.
3) Les bonnes pratiques pour les usagers
Si les réseaux de transport mettent en place des mesures importantes pour assurer la désinfection des espaces, les usagers ont également un rôle crucial à jouer dans la limitation de la propagation des virus et bactéries. En adoptant des gestes simples et responsables, chacun contribue à rendre les transports en commun plus sûrs pour tous.
Gestes barrières
Les gestes barrières sont essentiels pour se protéger et protéger les autres contre les infections. Il est important de les appliquer systématiquement dans les transports en commun :
- Port du masque : Le port du masque est obligatoire dans de nombreux transports en commun. Il permet de réduire la propagation des gouttelettes respiratoires, qui peuvent contenir des virus et des bactéries. Il est important de porter un masque adapté et de le changer régulièrement.
- Lavage des mains : Se laver les mains régulièrement avec du savon et de l'eau est un geste simple mais très efficace pour éliminer les micro-organismes présents sur les mains. Si vous n'avez pas accès à un point d'eau, utilisez du gel hydroalcoolique.
- Utilisation de gel hydroalcoolique : Le gel hydroalcoolique est une solution pratique pour désinfecter les mains en l'absence de savon et d'eau. Il est recommandé de l'utiliser régulièrement, notamment après avoir touché des surfaces fréquemment utilisées (poignées, barres, boutons).
- Tousser ou éternuer dans son coude : Tousser ou éternuer dans son coude permet de limiter la propagation des gouttelettes respiratoires. Si vous utilisez un mouchoir, jetez-le immédiatement après usage et lavez-vous les mains.
- Eviter de toucher les surfaces : Essayez d'éviter de toucher les surfaces fréquemment utilisées par les autres passagers (poignées, barres, boutons, etc.). Si vous devez les toucher, lavez-vous les mains ou utilisez du gel hydroalcoolique ensuite.
Distanciation physique
Dans la mesure du possible, il est important de respecter les règles de distanciation physique dans les transports en commun :
- Respecter les espaces : Essayez de vous éloigner des autres passagers autant que possible. Laissez un siège vide entre vous et les autres, si possible.
- Flux de circulation : Suivez les indications et les marquages au sol pour respecter les flux de circulation et éviter les rassemblements.
- Heures creuses : Si vous avez la possibilité, privilégiez les heures creuses pour voyager, car il y a moins de monde et il est plus facile de respecter la distanciation physique.
Responsabilité individuelle
Chacun a un rôle à jouer dans la lutte contre la propagation des virus et bactéries dans les transports en commun :
- Ne pas voyager en cas de symptômes : Si vous présentez des symptômes de maladie (fièvre, toux, etc.), ne prenez pas les transports en commun pour éviter de contaminer les autres passagers. Restez chez vous et consultez un médecin si nécessaire.
- Signaler tout problème de propreté : Si vous constatez un problème de propreté ou un manquement aux règles de désinfection dans les transports en commun, signalez-le au personnel ou à la compagnie de transport.
- Adopter un comportement civique : Soyez attentif aux autres passagers et respectez les règles de sécurité et d'hygiène. Adoptez un comportement civique pour contribuer à rendre les transports en commun plus sûrs pour tous.
En conclusion, la sécurité sanitaire dans les transports en commun est l'affaire de tous. En adoptant les gestes barrières, en respectant la distanciation physique, et en faisant preuve de responsabilité individuelle, chacun peut contribuer à limiter la propagation des virus et bactéries et à rendre les déplacements plus sûrs pour tous.